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[(.«T SUR LA VRAIE VERTU. 423

Les miracles sont l)ons ; mais soulager son frère, Mais tirer son ami du sein tie la misère, Mais à ses ennemis pardonner leurs vertus, C'est un plus grand miracle, et qui ne se fait plus.

Ce magistrat, dit-on, est sévère, inflexible, lUen n'amollit jamais sa grande àme insensible. J'entends : il fait haïr sa place et son pouvoir ; Il fait des malheureux par zèle et par devoir : Mais Ta-t-on jamais vu, sans qu'on le sollicite, Courir d'un air affable au-devant du mérite. Le choisir dans la foule, et donner son appui A rhonnête homme obscur qui se tait devant lui? De quelques criminels il aura fait justice! C'est peu d'être équitable, il faut rendre service ; Le juste est bienfaisant. On conte qu'autrefois Le ministre odieux d'un de nos meilleurs rois Lui disait en ces mots son avis despotique : « Timante est en secret bien mauvais catholique, On a trouvé chez lui la Bible de Calvin ; A ce funeste excès vous devez mettre un frein : Il faut qu'on l'emprisonne, ou du moins qu'on l'exile. — Comme vous, dit le roi, Timante m'est utile. Vous m'apprenez assez quels sont ses attentats; Il m'a donné son sang, et vous n'en parlez pas! » De ce roi bienfaisant la prudence équitable Peint mieux que vingt sermons la vertu véritable.

Du nom de vertueux seriez-vous honoré. Doux et discret Cyrus, en vous seul concentré, Prêchant le sentiment, vous bornant à séduire. Trop faible pour servir, trop paresseux pour nuire. Honnête homme indolent, qui, dans un doux loisir, Loin du mal et du bien, vivez pour le plaisir? JNon ; je donne ce titre au cœur tendre et sublime Qui soutient hardiment son ami qu'on opprime. Il t'était dû sans doute, éloquent Pellisson, Qui défendis Fouquet du fond de ta prison. Je te rends grâce, ô ciel, dont la bonté propice M'accorda des amis dans les temps d'injustice. Des amis courageux, dont la mâle vigueur Repoussa les assauts du calomniateur, Du fanatisme ardent, du ténébreux Zoïle, Du ministre abusé par leur troupe imbécile.

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