Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome9.djvu/427

Cette page n’a pas encore été corrigée

[fi7] SUR LA NAÏURF OH I/IIOAIMK. 4r

Ministre de ma joie, il m'amène une âncsse ; Et je ris quand je vois cet esclave orgueilleux Envier Tlieureux don que j'ai reçu des cieux, »

L'homme vint, et cria : « Je suis puissant et sage ; Cieux, terres, éléments, tout est pour mon usage : L'océan fut fonné pour porter mes vaisseaux ; Les vents sont mes courriers, les astres mes naml)eaux. Ce globe qui des nuits blanchit les sombres voiles Croît, décroit, fuit, revient, et préside aux étoiles : Moi, je préside à tout; mon esprit éclairé Dans les bornes du monde eût été trop serré ; Mais enfin, de ce monde et l'oracle et le maître, Je ne suis point encor ce que je devrais être. » Quelques anges alors, qui là-haut dans les cieux Règlent ces mouvements imparfaits à nos yeux. En faisant tournoyer ces immenses planètes, Disaient : « Pour nos plaisirs sans doute elles sont faites. » Puis de là sur la terre ils jetaient un coup d'œil : Ils se moquaient de l'homme et de son sot orgueil. Le Tien^ les entendit; il voulut que sur l'heure On les fît assembler dans sa haute demeure, Ange, homme, quadrupède, et ces êtres divers Dont chacun forme un monde en ce vaste univers. (( Ou^ rages de mes mains, enfants du même père, Qui portez, leur dit-il, mon divin caractère. Vous êtes nés pour moi, rien ne fut fait pour vous : Je suis le centre unique où vous répondez tous. Des destins et des temps connaissez le seul maître. Rien n'est grand ni petit ; tout est ce qu'il doit être. D'un parfait assemblage instruments imparfaits. Dans A'otre rang placés demeurez satisfaits. » L'homme ne le fut point. Cette indocile espèce Sera-t-elle occupée à murmurer sans cesse? Un vieux lettré chinois, qui toujours sur les bancs Combattit la raison par de beaux arguments. Plein de Confucius, et sa logique en tête, Distinguant, concluant, présenta sa requête.

« Pourquoi suis-je en un point resserré par le temps? Mes jours devraient aller par delà vingt mille ans; Ma taille pour le moins dut avoir cent coudées;

1. Dieu des Chinois. {Note de Voltaire, I7i8.)

9. — Petits Poëmes. 27

�� �