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LA FABLE. [25]

Les éternels frimas de la zone glacée.

Tout rolympe est peuplé de héros amoureux.

Admirables tableaux! séduisante magie!

Qu'Hésiode me plaît dans sa théologie *

Quand il me peint T Amour débrouillant le chaos,

S'élançant dans les airs, et planant sur les flots!

Vantez-nous maintenant, bienheureux légendaires,

Le porc de saint Antoine et le chien de saint Roch,

Vos reliques, vos scapulaires. Et la guimpe d'Ursule, et la crasse du froc ; Mettez la Fleur des saints à côté d'un Homère : H ment, mais en grand homme; il ment, mais il sait plaire.

Sottement aous avez menti ;

Par lui l'esprit humain s'éclaire ; Et, si l'on vous croyait, il serait abruti. On chérira toujours les erreurs de la Grèce;

Toujours Ovide charmera. Si nos peuples nouveaux sont chrétiens à la messe,

Hs sont païens à l'opéra. L'almanach est païen, nous comptons nos journées Par le seul nom des dieux que Rome avait connus ; C'est Mars et Jupiter, c'est Saturne et Vénus, Qui président au temps, (jui font nos destinées. Ce mélange est impur, on a tort ; mais enfin Nous ressemblons assez à l'abbé Pellegrin, u Le matin catholique, et le soir idolâtre. Déjeunant de l'autel, et soupant du théâtre -. »

��1. Voyez la Théogonie d'Hésiode, vers 120.

2. Ces deux vers se trouvent dans l'épitaphe de l'abbé Pellegrin, imprimée sous le nom de des Sandrais Sebire. On la croit cependant d'un poète fort peu connu, nommé Rémi. Dans les Jugements sur quelques ouvrages nouveaux, IX, p. 212, on dit que ces deux vers sont de Rousseau. — L'abbé Pellegrin n'est mort qu'en 174.^), et dès 171G les vers qui le concernent étaient connus. (B.)

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