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LA PUCELLE
D’ORLÉANS




CHANT PREMIER.




ARGUMENT.
Amours honnêtes de Charles VII et d’Agnès Sorel. Siège d’Orléans par les Anglais. Apparition de saint Denis, etc.


MaJe ne suis né pour célébrer les saints[1] :
Ma voix est faible, et même un peu profane.
Il faut pourtant vous chanter cette Jeanne
Qui fit, dit-on, des prodiges divins.
Elle affermit, de ses pucelles mains
Des fleurs de lis la tige gallicane,
Sauva son roi de la rage anglicane,
Et le fit oindre au maître-autel de Reims.
Jeanne montra sous féminin visage,
Sous le corset et sous le cotillon,
D’un vrai Roland le vigoureux courage.
J’aimerais mieux, le soir, pour mon usage,
Une beauté douce comme un mouton ;

  1. Plusieurs éditions portent :

    Vous m’ordonnez de célébrer des saints.


    Cette leçon est correcte ; mais nous avons adopté l’autre, comme plus récréative. De plus, elle montre la grande modestie de l’auteur. Il avoue qu’il n’est pas digne de chanter une pucelle. Il donne en cela un démenti aux éditeurs qui, dans une de leurs éditions de ses Œuvres, lui ont attribué une ode À sainte Geneviève, dont assurément il n’est pas l’auteur. (Note de Voltaire, 1773.) — L’ode À sainte Geneviève est incontestablement de Voltaire. (R.)