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CHANT PREMIER

ARGUMENT
Henri III, réuni avec Henri de Bourbon, roi de Navarre, contre la Ligue, ayant déjà commencé le blocus de Paris, envoie secrètement Henri de Bourbon demander du secours à Élisabeth, reine d’Angleterre. Le héros essuie une tempête. Il relâche dans une île, où un vieillard catholique lui prédit son changement de religion et son avènement au trône. Description de l’Angleterre et de son gouvernement.


Je chante ce héros qui régna sur la France
Et par droit de conquête et par droit de naissance[1] ;
Qui par de longs malheurs apprit à gouverner,
Calma les factions, sut vaincre et pardonner,
Confondit et Mayenne, et la Ligue, et l’Ibère,
Et fut de ses sujets le vainqueur et le père.
Descends du haut des cieux, auguste Vérité !
Répands sur mes écrits ta force et ta clarté :

  1. Ce vers se trouve dans un poëme de l'abbé Cassagnes, intitulé Henri le Grand, au roi, 1661, in-f°; voyez le Mercure de 1770, août, page 147. (B.)

    — Il est malaisé d'admettre que Voltaire se soit cru de bonne foi le premier auteur de l'alexandrin fameux de la Henriade, d'une allure si française :
    Et par droit de conquête et par droit de naissance,

    qui est de l'abbé Cassagnes (Henri le Grand. Paris, de l'imprimerie d'Antoine Vitré, 1661, p. 3, vers 6). A coup sûr, Voltaire avait lu tout ce qui avait été publié à la gloire d'Henri IV, et ce vers lui était resté dans la mémoire. Ce qui plaide en faveur de sa loyauté, c'est qu'il ne remania le début de son premier chant qu'à Londres, en 1727, sur les observations du Smyrniote Dadiky, et qu'il ne devait pas avoir sous les yeux alors le poëme du pauvre Cassagnes, dont les destinées étaient d'être déshonoré par Boileau et détroussé par Voltaire. (G. D.)