Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome8.djvu/481

Cette page n’a pas encore été corrigée

li SUR LA iMORT DE LA PRINCESSE DE BAREITIL 4G3

S'étonnent à la fin de devenir sensibles, D'éprouver la pitié qu'ils ne connaissaient pas, Lorsque la Mort en silence D'un pas terrible s'avance Vers un objet plein d'attraits, Quand ces yeux qui dans les ;\mes Lançaient les plus douces flammes Vont s'éteindre pour jamais.

Une famille entière, interdite, éplorée,

Se presse en gémissant vers un lit de douleurs ;

La victime l'attend, pAle, défigurée.

Tendant une main faible à ses amis en pleurs.

Tournant en vain la paupière

Vers un reste de lumière

Qu'elle gémit de trouver',

Elle présente sa tète ;

La faux redoutable est prête;

Et la Mort va la lever.

Le coup part, tout s'éteint : c'en est fait, il ne reste De tant de dons heureux, de tant d'attraits si chers, De ces sens animés d'une flamme céleste, Qu'un cadavre glacé, la pâture des vers.

Ce spectacle lamentable.

Cette perte irréparable

Vous frappe d'un coup plus fort

Que cent mille funérailles

De ceux qui, dans les batailles,

Donnaient et souffraient la mort.

Bareith! ô vertus! ô grâces adorées! Femme sans préjugés, sans vice, et sans erreur. Quand la mort t'enleva de ces tristes contrées, De ce séjour de sang, de rapine, et d'horreur,

Les nations acharnées

De leurs haines forcenées

Suspendirent les fureurs ;

Les discordes s'arrêtèrent ;

1. Virgile (/£«., liv. IV, v. 692) a dit :

Qucesiyit cœlo lucem, ingemuitquo reporta. (B.)

�� �