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[48^ SUR LES MALHEURS DU TEMPS. 413

Voyez cette beauté sons les yeux de sa mère*; Elle apprend en naissant l'art dangereux de plaire, Et d'exciter en nous de funestes penchants ; Son enfance prévient le temps d'être coupable :

Le Vice trop aimable

Instruit ses premiers ans.

Bientôt, bravant les yeux de l'époux qu'elle outrage, Elle abandonne aux mains d'un courtisan volage De ses trompeurs appas le charme empoisonneur : Que dis-je ! cet époux, à qui l'hymen la lie,

Trafiquant l'infamie,

La livre au déshonneur.

Ainsi vous outragez les dieux et la nature ! Oh ! que ce n'était pas de cette source impure Qu'on vit naître les Francs, des Scythes successeurs, Qui, du char d'Attila détachant la Fortune,

De la cause commune

Furent les défenseurs !

Le citoyen alors savait porter les armes; Sa fidèle moitié, qui négligeait ses charmes, Pour son retour heureux préparait des lauriers. Recevait de ses mains sa cuirasse sanglante,

Et sa hache fumante

Du trépas des guerriers.

Au travail endurci leur superbe courage Ne prodigua jamais un imbécile hommage A de vaines beautés, à leurs yeux sans appas ; Et d'un sexe timide et né pour la mollesse

Ils plaignaient la faiblesse,

Et ne l'adoraient pas.

De ces sauvages temps l'héroïque rudesse Leur dérobait encor- la délicate adresse

1. Cette strophe a quelque rapport avec les vers d'Horace (livre III, ode vi) :

Motus doceri gaudet lonios Maturavirgo. (B.)

2. Variante:

Leur laissait ignorer...

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