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392 POEME DE FONTE NO Y. M

Par le dieu des combats fut conduit sur ce bord,

Admire les Français qu'il est venu défendre ;

Mille cris redoublés près de lui font entendre :

« Rendez-vous, ou mourez, tombez sous notre efibrt. »

C'en est fait, et l'Anglais craint Louis et la mort.

Allez, brave d'Estrée', aclievez cet ouvrage; Encbaînez ces vaincus échappés au carnage; Que du roi qu'ils bravaient ils implorent l'appui : Ils seront fiers encore, ils n'ont cédé qu'à lui*.

Bientôt vole après eux ce corps fier et rapide ' — Qui, semblable au: dragon qu'il eut jadis pour guide, Toujours prêt, toujours prompt, de pied ferme, en courant, Donne de deux combats le spectacle effrayant. — ^'est ainsi que l'on voit, dans les champs des Numides, Différemment armés, des chasseurs intrépides; Les coursiers écumants franchissent les guérets ; On gravit sur les monts, on borde les forêts ; Les pièges sont dressés; on attend, on s'élance; Le javelot fend l'air, et le plomb le devance. Les léopards sanglants, percés de coups divers, D'affreux rugissements font retentir les airs ; [jDans le fond des forêts ils vont cacher leur rage,

Àli! c'est assez de sang, de meurtre, de ravage; Sur des morts entassés c'est marcher trop longtemps: Noailles*, ramenez vos soldats triomphants; (Mars voit avec plaisir leurs mains victorieuses Tramer dans notre camp ces machines affreuses, Ces foudres ennemis contre nous dirigés : Venez lancer ces traits que leurs mains ont forgés; Qu'ils renversent par vous les murs de cette ville, Du Batave indécis la barrière et l'asile,

��1. M. le comte d'Estrces à la tète de sa division, et M. de Brionnc à la tète de son régiment, avaient enfoncé les grenadiers anglais, le sabre à la main. {Note de Voltaire.)

2. Depuis saint Louis, aucun roi de France n'avait battu les Anglais en per- sonne, en bataille rangée. (Id.)

3. On envo3-a quelques dragons à la poursuite : ce corps était commandé par M. le duc de Ghevrousc, qui s'était distingué au combat de Saliy, oîi il avait reçu trois blessures. L'opinion la plus vraisemblable sur l'origine du mot dragon est qu'ils i)ortèrent un dragon dans leurs étendards, sous le maréclial de Brissac, qiti institua ce corps dans les guerres du Piémont. {Id.)

4. Le comte de iXoailles attaqua de son côté la colonne d'infanterie anglaise avec une brigade de cavalerie, qui prit ensuite des canons. {Id.)

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