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[i3o; POÈME DE FONTENOY. 391

Quel assemblage heureux de grâces, de valeur!

Boufflers, Meuse, d'Ayen, Duras, bouillants d'ardeur,

A la voix de Louis courez, troupe intrépide.

Que les Français sont grands quand leur maître les guide!

Us l'aiment, ils vaincront; leur père est avec eux :

Son courage n'est point cet instinct furieux,

Ce courroux emporté, cette valeur commune ;

IMaître de son esprit, il l'est de la fortune ;

Rien ne trouble ses sens, rien n'éblouit ses yeux : -^ Il marche ; il est semblable à ce maître des dieux ( Qui, frappant les Titans et tonnant sur leurs têtes, UD'un front majestueux dirigeait les tempêtes ;

Il marche, et sous ses coups la terre au loin mugit,

L'Escaut fuit, la mer gronde, et le ciel s'obscurcit. Sur un nuage épais que, des antres de l'Ourse,

Les vents affreux du nord apportent dans leur course,

Les vainqueurs des Valois descendent en courroux :

« (Uimberland, disent-ils, nous n'espérons qu'en vous;

Courage, rassemblez vos légions altières;

Bataves, revenez, défendez vos barrières ;

Anglais, vous que la paix semble seule alarmer.

Vengez-vous d'un héros qui daigne encor l'aimer :

Ainsi que ses bienfaits craindrez-vous sa vaillance? »

Mais ils parlent en vain ; lorsque Louis s'avance

Leur génie est dompté, l'Anglais est abattu,

Et la férocité* le cède à la vertu. Clare avec l'Irlandais, qu'animent nos exemples.

Venge ses rois trahis, sa patrie, et ses temples.

Peuple sage et fidèle, heureux Helvétiens-,

Nos antiques amis et nos concitoyens,

Votre marche assurée, égale, inébranlable.

Des ardents Neustriens'^ suit la fougue indomptable.

Ce Danois*, ce héros qui, des frimas du Nord,

1. Ce reproche de férocité ne tombe que sur le soldat, et non sur les officiers, qui sont aussi généreux que les nôtres. On m'a écrit que, lorsque la colonne an- glaise déborda Fontenoy, plusieurs soldats de ce corps criaient : ce A^o quarter, no quarter! Point de quartier! » {Note de Voltaire.)

2. Los régiments de Diesbach, de Betens et de Courten, etc., avec des batail- lons des gardes suisses. (Id.)

3. Le régiment de Normandie, qui revenait à la cbarge sur la colonne anglaise, tandis que la maison du roi, la gendarmerie, les carabiniers, etc., fondaient sur elle, (/d.)

4. M. de Lowendahl. {Id.)

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