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De ses élus chéris nourriture vivante,
Descend sur les autels à ses yeux éperdus,
Et lui découvre un Dieu sous un pain qui n’est plus.
Son cœur obéissant se soumet, s’abandonne
À ces mystères saints dont son esprit s’étonne.
Louis, dans ce moment qui comble ses souhaits,
Louis, tenant en main l’olive de la paix,
Descend du haut des cieux vers le héros qu’il aime ;
Aux remparts de Paris il le conduit lui-même.
Les remparts ébranlés s’entr’ouvrent à sa voix ;
Il entre[1] au nom du Dieu qui fait régner les rois.
Les ligueurs éperdus, et mettant bas les armes,
Sont aux pieds de Bourbon, les baignent de leurs larmes ;
Les prêtres sont muets ; les Seize épouvantés
En vain cherchent, pour fuir, des antres écartés.
Tout le peuple, changé dans ce jour salutaire,
Reconnaît son vrai roi, son vainqueur, et son père.
Dès lors on admira ce règne fortuné,
Et commencé trop tard, et trop tôt terminé.
L’Autrichien trembla. Justement désarmée,
Rome adopta Bourbon, Rome s’en vit aimée.
La Discorde rentra dans l’éternelle nuit.
À reconnaître un roi Mayenne fut réduit ;
Et, soumettant enfin son cœur et ses provinces,
Fut le meilleur sujet du plus juste des princes.

  1. Ce blocus et cette famine de Paris ont pour époque l'année 1590, et Henri IV
    n'entra dans Paris qu'au mois de mars 1594. Il s'était fait catholique en 1593; mais
    il a fallu rapprocher ces trois grands événements, parce qu'on écrivait un poëme,
    et non une histoire. (Note de Voltaire, 1730.)