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VARIANTES DU CHANT Mil. 219

C'est là que le Destin guida les deux armées, D'une chaleur égale au combat animées; Cérès en un moment vit leurs fiers bataillons Ravager ses bienfaits naissant dans les sillons. De l'Eure et de l'iton les ondes s'alarmèrent; Dans le fond des forêts les nymphes se cachèrent. Le berger plein d'elîroi, chassé de ces beaux lieux, Du sein de son foyer fuit les larmes aux yeux. Habitants malheureux, etc.

Vers 96. — Édition de 1723 :

Dont la gloire enflammait le cœur présomptueux.

Vers 402. — Après ce vers, on lisait, dans l'édition de 4723 :

Sancy, brave guerrier, ministre, magistrat,

Estimé dans l'armée, à la cour, au sénat;

La Trimouille, Clermont, Tourncmine et d'Angenne;

Et ce fier ennemi de la pourpre romaine,

Mornay, dont l'éloquence égale la valeur,

  • Soutien trop vertueux du parti de l'erreur.

Là paraissaient Givry, Noailles, et Feuquièrcs,

Le malheureux de Nesle, et l'heureux Lesdiguières.

Le texte actuel est de 1728. Voici la note que l'édition de 1723 contenait sur le premier vers de la variante :

« Nicolas de Harlay de Sancy fut successivement conseiller au parle- mont, maître des requêtes, ambassadeur en Angleterre et en Allemagne, colonel général des Suisses, premier maître-d'hôtel du roi, surintendant des finances, et réunit ainsi en sa personne le ministère, la magistrature, et le commandement des armées. Il était fils de Robert de Harlay, conseiller au parlement, et de Jacqueline de Morvilliers. Il naquit en 1546, et mourut en 1629.

« N'étant encore que maître des requêtes, il se trouva dans le conseil de Henri IH lorsqu'on délibérait sur les moyens de soutenir la guerre contre la Ligue; il proposa de lever une armée de Suisses. Le conseil, qui savait que le roi n'avait pas un sou, se moqua de lui, « Messieurs, dit « Sancy, puisque de tous ceux qui ont reçu du roi tant de bienfaits il ne s'en « trouve pas un qui veuille le secourir, je vous déclare que ce sera moi qui « lèverai cette armée. » On lui donna sur le champ la commission, et point d'argent, et il partit pour la Suisse. Jamais négociation ne fut si singulière : d'abord il persuada aux Genevois et aux Suisses de faire la guerre au duc de Savoie, conjointement avec la France; il leur promit de la cavalerie, qu'il ne leur donna point; il leur fit lever dix mille hommes d'infanterie, et les engagea, de plus, à donner cent mille écus. Quand il se vit à la tête de cette armée, il prit quelques places au duc de Savoie; ensuite il sut tellement gagner les Suisses, qu'il engagea l'armée à marcher au secours du roi. Ainsi on vit, pour la première fois, les Suisses donner des hommes et de l'argent.

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