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CHANT HUITIÈME

ARGUMENT
Le comte d’Egmont vient de la part du roi d’Espagne au secours de Mayenne et des ligueurs. Bataille d’Ivry, dans laquelle Mayenne est défait, et d’Egmont tué. Valeur et clémence de Henri le Grand.

Des états dans Paris la confuse assemblée[1]
Avait perdu l’orgueil dont elle était enflée.
Au seul nom de Henri, les ligueurs, pleins d’effroi,
Semblaient tous oublier qu’ils voulaient faire un roi.
Rien ne pouvait fixer leur fureur incertaine ;
Et, n’osant dégrader ni couronner Mayenne,
Ils avaient confirmé, par leurs décrets honteux,
Le pouvoir et le rang qu’il ne tenait pas d’eux.
Ce lieutenant sans chef[2], ce roi sans diadème,
Toujours dans son parti garde un pouvoir suprême.
Un peuple obéissant, dont il se dit l’appui,
Lui promet de combattre et de mourir pour lui.
Plein d’un nouvel espoir, au conseil il appelle
Tous ces chefs orgueilleux, vengeurs de sa querelle ;
Les Lorrains[3], les Nemours, La Châtre, Canillac,

  1. Tel qu'il est aujourd'hui, le commencement de ce chant date de 1730. Voyez aux variantes, page 218.
  2. Il se fit déclarer, par la partie du parlement qui lui demeura attachée, lieutenant général de l'État et royaume de France. (Note de Voltaire, 1730.)
  3. Les Lorrains. Le chevalier d'Aumale, dont il est si souvent parlé, et son frère le duc, étaient de la maison de Lorraine.

    Charles-Emmanuel, duc de Nemours, frère utérin du duc de Mayenne.

    La Châtre était un des maréchaux de la Ligue, que l'on appelait des bâtards qui se feraient un jour légitimer aux dépens de leur père. En effet, La Châtre fit sa paix depuis, et Henri lui confirma la dignité de maréchal de France. (Id.,1730.)