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Punir ses assassins, vaincre ses ennemis,
Et rendre heureux son peuple, après l’avoir soumis[1].
Au bruit inopiné des assauts qu’il prépare,
Des états consternés le conseil se sépare.
Mayenne au même instant court au haut des remparts ;
Le soldat rassemblé vole à ses étendards :
Il insulte à grands cris le héros qui s’avance.
Tout est prêt pour l’attaque, et tout pour la défense.
Paris n’était point tel, en ces temps orageux,
Qu’il paraît en nos jours aux Français trop heureux.
Cent forts, qu’avaient bâtis la fureur et la crainte,
Dans un moins vaste espace enfermaient son enceinte.
Ces faubourgs, aujourd’hui si pompeux et si grands,
Que la main de la Paix tient ouverts en tout temps,
D’une immense cité superbes avenues,
Où nos palais dorés se perdent dans les nues,
Étaient de longs hameaux d’un rempart entourés,
Par un fossé profond de Paris séparés.
Du côté du levant bientôt Bourbon s’avance.
Le voilà qui s’approche, et la Mort le devance.
Le fer avec le feu vole de toutes parts
Des mains des assiégeants et du haut des remparts.
Ces remparts menaçants, leurs tours, et leurs ouvrages,
S’écroulent sous les traits de ces brûlants orages ;
On voit les bataillons rompus et renversés,
Et loin d’eux dans les champs leurs membres dispersés.
Ce que le fer atteint tombe réduit en poudre,
Et chacun des partis combat avec la foudre.
Jadis avec moins d’art, au milieu des combats,
Les malheureux mortels avançaient leur trépas ;
Avec moins d’appareil ils volaient au carnage,
Et le fer dans leurs mains suffisait à leur rage.
De leurs cruels enfants l’effort industrieux
A dérobé le feu qui brûle dans les cieux.
On entendait gronder ces bombes effroyables[2],

  1. Ce vers se trouve dans le poëme de Cassagne, déjà cité en la note 1 de la page 43.
  2. C'est dans les guerres de Flandre, sous Philippe II, qu'un ingénieur italien