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Ce fut lui que Paris vit passer tour à tour
Du siècle au fond d’un cloître, et du cloître à la cour :
Vicieux, pénitent, courtisan, solitaire,
Il prit, quitta, reprit la cuirasse et la haire.
Du pied des saints autels arrosés de ses pleurs,
Il courut de la Ligue animer les fureurs,
Et plongea dans le sang de la France éplorée
La main qu’à l’Éternel il avait consacrée.
Mais de tant de guerriers, celui dont la valeur
Inspira plus d’effroi, répandit plus d’horreur,
Dont le cœur fut plus fier et la main plus fatale,
Ce fut vous, jeune prince, impétueux d’Aumale,
Vous, né du sang lorrain, si fécond en héros,
Vous, ennemi des rois, des lois, et du repos.
La fleur de la jeunesse en tout temps l’accompagne :
Avec eux sans relâche il fond dans la campagne ;
Tantôt dans le silence, et tantôt à grand bruit,
À la clarté des cieux, dans l’ombre de la nuit,
Chez l’ennemi surpris portant partout la guerre,
Du sang des assiégeants son bras couvrait la terre.
Tels du front du Caucase, ou du sommet d’Athos,
D’où l’œil découvre au loin l’air, la terre, et les flots,
Les aigles, les vautours, aux ailes étendues[1],
D’un vol précipité fendant les vastes nues,
Vont dans les champs de l’air enlever les oiseaux,
Dans les bois, sur les près, déchirent les troupeaux,
Et dans les flancs affreux de leurs roches sanglantes
Remportent à grands cris ces dépouilles vivantes.
Déjà plein d’espérance, et de gloire enivré,

    Capucins, après avoir passe la nuit en débauche, il s'imagina que les anges chantaient les matines dans le couvent. Frappé de cette idée, il se fit capucin sous le nom de frère Ange. Depuis il quitta son froc, et prit les armes contre Henri IV. Le duc de Mayenne le fit gouverneur du Languedoc, duc et pair, et maréchal de France. Enfin il fit son accommodement avec le roi; mais un jour ce prince étant avec lui sur un balcon au-dessous duquel beaucoup de peuple était assemblé : « Mon cousin, lui dit Henri IV, ces gens-ci me paraissent fort aises de voir ensemble un apostat et un renégat. » Cette parole du roi fit rentrer Joyeuse dans son couvent, où il mourut. (Note de Voltaire, 1730.)

  1. La Fontaine a dit, livre IX, fable ii :
    Quand des nues
    Fond à son tour un aigle aux ailes étendues.