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ACTE IV, SCi:XE VI. 81

SCÈNE y.

MASSINISSE.

Un aiui ! jiis(]iu'-là ma rortiiiie cruelle

De mes jours détestés déshonore la fin !

11 me flétrit du nom de Tami d'un Romain!

Je n'ai ([ue Soplionisbe, elle seule me reste;

11 le sait, il insulte à mon état funeste;

8a cruautf' (ran([uille, avec dtn'ision,

Allectait de descendre à la compassion!

Il a su mon projet, et, ne pouvant le craindre,

Il feint de l'ii^norer, et même de me plaindre ;

Il feint de dédaigner ce misérable honneur

De traîner une femme au char de son vainqueur;

Il n'aspire en effet qu'à cette gloire infâme :

11 jouit de ma honte : et peut-être en son àme

Il pense à m'y traîner avec le même éclat,

Comme un roi révolté jugé par le sénat.

SCÈNE YI. MASSINISSE, SOI'HONISBE.

MASSINISSE.

Eh bien ! connaissez-vous quelle horreur vous opprime, D'où nous sommes tombés, dans quel affreux abime Un jour, un seul moment nous a tous deux conduits? De notre heureux hymen ce sont les premiers fruits. Savez-vous des Romains la barbare insolence, Et qu'il nous faut enfin tout souffrir sans vengeance?

SOPHOXISBE.

Nous n'avons qu'un recours : le fer ou le poison.

MASSINISSE,

Nous sommes désarmés; ces murs sont ma prison. Scipion vivrait-il si j'avais eu des armes?

SOPHOMSBE.

Ah! cherchons les moyens de finir tant d'alarmes. Trop de honte nous suit, et c'est trop de revers.

7. — TnÉATHE. VI. 6

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