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78 SOPIIOXISHI-:.

SCÈNE IV.

SCIPION, MASSIXISSE, LicTiiur.s.

(.Scipion tient un rouleau à la main.) MASSIMSSE.

Venez-vous insulter à mon heure dernière? Dans l'abîme où je suis venez-vous m'enfoncer; Marcher sur mes drbris ?

SCIPION.

Je viens vous embrasser. J'ai su votre faiblesse, et j'en ai craint la suite. Vous devez pardonner si de votre conduite Ma vigilance heureuse a conçu des soupçons ; Plus d'une fois l'Afrique a vu des trahisons. La nièce d'Annibal, à votre cœur trop chère, ^l'a force malgré moi de me montrer sévère. Du nom de votre ami je fus toujours jaloux, Mais je me dois à Rome, et beaucoup plus qu'à vous. Je n'ai point démêlé les intrigues secrètes Que pouvaient préparer vos fureurs inquiètes. Et de tout prévenir je me suis contenté. Mais, à quelque attentat que l'on vous ait porté, Voulez-vous maintenant écouter la justice. Et rendre à Scipion le cœur de Massinisse? Je ne demande rien que la foi des traités ; Vous les avez toujours sans réserve attestés : Les voici ; c'est par vous qu'à moi-même promise Sophonisbe en mon camp devait être remise. Lisez. Voilà mon nom, et voilà votre seing.

(Il les lui montre.')

En est-ce assez ? Vos yeux s'ouvriront-ils enfin ?

Avez-vous contre moi quelque droit légitime?

Vous plaindrez-vous toujours que Rome vous opprime?

MASSIMSSE.

Oui. Quand, dans la fureur de mes ressentiments, Je fis entre vos mains ces malheureux serments, Je voulais me venger d'une reine ennemie : De mon cœur irrité je la croyais haïe ;

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