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ACTE III, SCKNE I II. 71

L'ami de Scipion, quelque efîort (lu'il m'en coûlc; Je le voulus en vain : c'est à aous de jnger Si le seul des liumains qui veut me protéger, Quand il revient à moi, quand son noble courage Peut sauver Sophonislie, Annibal, et Carthagc, En nVarrachant des l'ers et du sein de Tliorreur, En me donnant son trône, en me gardant son cœur, Peut rallumer en moi les feux qu'il y fit naître. Et dont tout mon courroux fut à peine le maître. D'un bonheur inouï vous venez me Ilatter ; Vous m'oflrez votre main, je ne puis l'accepter.

MASSINISSE.

Vous! quels dieux ennemis à vos bontés s'opposent?

SOPHONISBE.

Les dieux qui de mon sort en tous les temps disposent, Les dieux qui d'Annibal ont reçu les serments Quand au pied des autels, en ses plus jeunes ans, 11 jurait aux Romains une haine immortelle : Ce serment est le mien, je lui serai fidèle; Je meurs sans être à vous.

MASSINISSE.

Sophonisbe, arrêtez : Connaissez qui je suis, et qui vous insultez : C'est ce même serment qui devant vous m'amène; Et ma haine pour Rome égale voire haine.

SOPHO-MSBE,

Vous, seigneur ! vous pourriez enfin vous repentir De vous être abaissé jusques à la servir?

iMASSINISSE.

Je me repens de tout, puisque je vous adore; Je ne vois plus que vous, si vous m'aimez encore. J'apporte à cet autel, en vous donnant la main, L'horreur que Massinisse a pour le nom romain ; Plus irrité que vous, et plus qu'Annibal même, Oui, je déteste Rome autant que je vous aime.

SOPHONISBE.

.Massinisse !

MASSIMSSE.

Écoutez; vous n'avez qu'un instant; Vos fers sont préparés... un trône vous attend. Scipion va venir... Carthage vous appelle; Et si vous balancez, c'est un crime envers elle.

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