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ACTE II, SCKNH VI. 61

Et mOmo cet amour ])ar vous trop dédaigné. Je règne dans ces murs où vous avez régné ; Les trésors de Sypliax y sont en ma puissance ; Je vous les rends, madame, et voilà ma vengeance. Ne regardez en moi qu'un vainqueur à vos pieds; Sophonisbe, il suffit que vous me connaissiez. Vous me rendrez justice, et c'est ma récompense. A mes nouveaux sujets je cours en diligence Leur annoncer un bien qu'ils semblent demander, Et que déjà leur maître eût dû leur accorder : Ils vont renouveler leur hommage à leur reine; Sophonisbe en tous lieux est toujours souveraine.

��SCENE VI.

SOPHONISBE, PHJiDIME.

SOPHONISBE.

Je demeure interdite. Un si grand changement

A saisi mes esprits d'un long étonnement.

Que je l'ai mal connu!... Faut-il qu'un si grand homme

Ait détruit mon pays, et qu'il ait servi lîome?

Tous mes sens sont ravis, mais ils sont effrayés ;

Scipion dans nos murs, Massinisse à mes pieds,

Sophonisbe, en un jour, captive et triomphante,

L'ombre de mon époux terrible et menaçante.

Le comble des horreurs et des prospérités,

Les fers, le diadème, à mes yeux présentés.

Ce rapide torrent de fortunes contraires

Me laisse encor doiiter de mes destins prospères.

PHyEDIME.

Ah! croyez-en du moins le pouvoir de vos yeux. S'il respecte dans vous le nom de vos aïeux, S'il dépose à vos pieds l'orgueil de sa conquête, Et les lauriers sanglants qui couronnent sa tête. Peut-être un seul regard a plus fait sur son cœur Que toutes les vertus, l'alliance, et l'honneur. Mais ces vertus enfin, que dans Cirthe on admire, Qui sur tous les esprits lui donnent tant d'empire. Autorisent les feux que vous vous reprochiez : La gloire qui le suit les a justifiés.

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