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60 SOI' 110 M SUE.

SOl'lIOMSBK.

Je n'ai plus (lu'uno iiràco à prrlcmlro de vous.

MASSIMSSK.

Parlez.

SOPHONISBI-;.

Je la (leinando au nom de ma patrie, Du sang de mon époux, qui s'élève et qui crie, De votre honneur surtout, et des rois nos aïeux, Qui parlent par ma voix, et vivent dans nous deux. Jurez-moi seulement de ne jamais permettre OiTau pouvoir des Romains on ose me remettre.

M AS SIM s SE.

Qui? vous en leur pouvoir! et d'un pareil affront Vous auriez soupçonné qu'on pût couvrir mon front! Je commande dans Cirtlie ; et c'est assez vous dire Que les Romains sur vous n'ont point ici d'empire.

SOPHO-MSBE.

En vous le demandant je n'en ai point douté.

MASSINISSE.

Je sais qu'ils sont jaloux de leur autorité ;

Mais ils n'auront jamais l'audace téméraii'e

D'outrager un ami qui leur est nécessaire.

Allez ; ne croyez pas qu'ils puissent m'avilir :

Je saurai les braver, si j'ai su les servir.

Ils vous respecteront; vos frayeurs sont injustes.

Vous avez attesté tous ces mânes augustes,

Tous ces rois dont le sang, dans nos veines transmis,

S'indigna si longtemps de nous voir ennemis ;

Je les prends à témoin, et c'est pour vous apprendre

Que j'ai pu, comme vous, mériter d'en descendre.

La nièce d'Annibal, et la veuve d'un roi.

N'est captive en ces lieux des Romains ni de moi.

Je sais qu'un tel opprobre, un si barbare usage, .

Est consacré dans Rome, et commun dans Carthage.

Jl finirait pour vous, si je l'avais suivi.

Le sang dont vous sortez n'aura jamais servi :

Ce front n'était formé que pour le diadème.

Gardez dans ce palais l'honneur du rang suprême :

iVe pensez pas surtout qu'en ces tristes moments

Mon cœur laisse éclater ses premiers sentiments ;

Je n'en rappelle point la déplorable histoire :

Je sais trop respecter vos malheurs et ma gloire,

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