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SOPHOMSIiH. L II seul dos citoyens anrail-il à se plaindre?

ALAMAR.

Sous votre loi, seii;neur, ils n'auraient rien à craindre; Mais ou craint les Jîomains, ces cruels con(|iiérants, De tant de nations ces illustres tyrans, Descendants prétendus du grand dieu de la guerre, Qui pensent être nés pour asservir la terre. On dit que Scipion veut s'arroger le prix De tant d'heureux travaux par vos mains entrepris; Qu'il veut seul commander.

MASSINISSE.

Qui ? lui ! dans mon partage î Dans Cirtlie, mon pays, mon premier héritage ! Lui, mon ami, mon guide, et qui m'a tout promis!

ALAMAR.

Lorsque Rome a parlé, les rois n'ont plus d'amis.

MASSINISSE.

Nous verrons : j'ai vaincu, je suis dans mon empire, Je règne; et je suis las, puisqu'il faut vous le dire, Des hauteurs d'un sénat qui croit me protéger, Sur son fier tribunal assis pour me juger : C'en est trop.

ALAMAR.

Cependant nous devons vous apprendre Qu'au milieu des débris, des remparts mis en cendre. Au lieu même où Sypliax est mort en combattant. Nous avons retrouvé ce billet tout sanglant, Qui peut-être aujourd'hui fut écrit pour vous-même.

MASSINISSE.

Donnez, (n lit) Ah! qu'ai-je lu? ciel ! ô surprise extrême L

Sophonisbe à ma gloire enfin se confiait!

A fléchir son amant sa fierté se pliait!

Elle a connu mon âme, elle a vaincu la sienne;

Ses yeux se sont ouverts ; et sa fatale haine.

Que je vis si longtemps contre moi s'obstiner,

Me croyait assez grand pour savoir pardonner!

Épouse de Syphax, tu m'as rendu justice :

Ta lettre a mis le comble à mon destin propice;

Ta main ceignait mon front de ce laurier nouveau :

Romains, vous n'avez point de triompbe plus beau...

Courons vers Sophonisbe... Ah! je la vois paraître.

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