Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome7.djvu/65

Cette page n’a pas encore été corrigée

ACTE II, SCi:NE II. 55

Tomber à ses côtés, ainsi que ma patrie : Il ne Ta pas voulu.

ACTOn,

Si dans un tel malheur Quelque soulagement reste à notre douleur, Daignez apprendre au moins combien, dans sa victoire, Le jeune Massinisse a mérité de gloire. Qui croirait qu'un héros si fier, si redouté. Dont l'Afrique éprouva le courage enqiorté. Et dont l'esprit superbe a tant de violence. Dans l'horreur du combat aurait tant de clémence? A peine il s'est vu maître, il nous a pardonné; De blessés, de mourants, de morts environné, 11 a donné soudain, de sa main triomphante. Le signal de la paix au sein de l'épouvante. Le carnage et la mort s'arrêtent à sa voix; Le peuple, encor tremblant, lui demande des lois; -Tant le cœur des humains change avec la fortune!

SOPHONISBE.

Le ciel semble adoucir la misère commune, Puisqu'au moins le pouvoir est remis dans les mains D'un prince de ma race, et non pas des Romains.

ACTOR.

Le juste et premier soin de l'heureux Massinisse

Est d'apaiser les dieux par un prompt sacriiice.

De dresser un bûcher à votre auguste époux.

11 garde jusqu'ici le silence sur vous :

Mais dès que j'ai paru, madame, en sa présence.

Il s'est ressouvenu qu'autrefois son enfance

Fut remise en mes mains, dans ces murs, dans ces lieux.

Où ce prince aujourd'hui rentre en victorieux.

Il m'a fait appeler; et, respectant mon zèle,

Au malheureux Syphax en tous les temps lidèle.

Il m'a comblé d'honneurs. « Ayez, dit-il, pour moi

Cette même amitié qui servit votre roi. »

Enfin, à Syphax même il a donné des larmes;

Il justifie en tout le succès de ses armes ;

Il répand des bienfaits, s'il fit des malheureux.

SOPHONISBE.

Plus Massinisse est grand, plus mon sort est affreux. Quoi ! les Carthaginois, que je crus invincibles, Sous les chefs de ma race à Rome si terribles.

�� �