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ACTE I, SCÈNE IV. ol

Je soutins contre moi Thonneur du diadème;

Je demeurai fidèle à mon père Asdrubal,

A Cartilage, à Sypliax, aux destins d'Annibal,

L'amour fuit de mon âme aux cris de ma patrie.

D'un amant irrité je bravai la furie :

Lu front cicatrisé ' par la guerre et le temps

Effarouchait en vain mon cœur et mes beaux ans ;

Puisqu'il détestait Rome, il eut la préférence.

Massinisse revient, armé de la vengeance;

Il entre en nos États, la victoire le suit ;

Aidé de Scipion, son bras a tout détruit :

Dans Cirtlie ensanglantée un faible mur nous reste.

A quels dieux recourir dans ce péril funeste?

Était-ce un si grand crime, était-il si honteux

D'avoir cru Massinisse et noble et généreux ;

D'avoir pour mon époux imploré sa clémence ?

Dans mon illusion j'avais quelque espérance ;

Ma prière et mes pleurs auraient pu le flatter;

Mais il ne saura pas ce que j'osai tenter;

Et, pour unique fruit d'un soin trop magnanime.

Mon époux me condamne, et mon amant m'opprime :

Tous deux sont contre moi, tous deux règlent mon sort ;

Et je n'attends ici que l'opprobre ou la mort.

��SCENE IV.

SOPHONISBE, PH.EDIME, ACTOR.

ACTOR.

Reine, dans ce moment le secours de Carthage Sous nos remparts sanglants s'est ouvert un passage ; On est aux mains. Ces lieux qui retenaient vos pas Sont trop près du carnage, et du champ des combats. Le roi, couvert de sang, m'ordonne de vous dire Que loin de ce palais vous vous laissiez conduire. J'obéis.

SOPHONISBE.

Je vous suis, Actor. Vous lui direz

1. Sur le mot cicatrisé, voyez Théâtre, t. P"", page 92, note 3.

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