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524 LA. COMÉDIE FAMEUSE.

IIÉRACLIUS, aux gens de Phocas.

Non, rustres, non, point de violence. J’irai moi-même à mon tombeau, puisque mon tombeau est dans ce bateau. Adieu, Cintia, cbarmant prodige, le premier et le dernier que j’ai vu. Adieu, Astolplie, mon père : je vous laisse au pouvoir de mon ennemi, qui en mentant a dit la vérité, et qui a dit la vérité en mentant*.

PHOCAS.

Espère mieux, et vois si j’ai de la compassion. Je ne t’envie point la consolation d’être avec cet Astolplie qui t’a servi de père. Ou’on entraîne aussi ce malheureux vieillard.

ASTOLPHE.

Allons, mon fils, je ne me soucie plus de la vie, puisque je vais mourir avec toi.

CINTIA.

Quelle pitié !

LIBIA.

Quel malheur !

LES PAYSANS GRACIEUX.

Quelle confusion !

PHOCAS.

À présent, afin que les échos de leurs gémissements ne viennent point jusqu’à nous, commençons nos réjouissances ; que Léonide vienne à ma cour, que tout le monde le reconnaisse ; que tous mes vassaux lui baisent la main, et qu’ils disent à haute voix : Vive Léonide !

HÉP.ACLIUS.

cieux, favorisez-moi !

ASTOLPHE.

cieux, ayez pitié de nous !

La musique chante : « Vive Léonide ! »

LÉONIDE.

Que tout ceci soit une vérité ou un mensonge, que cela soit certain ou faux, que l’enchantement finisse ou qu’il dure, je me vois, en attendant, héritier de l’empire ; et quand le destin envieux voudrait reprendre le bien qu’il m’a fait, il ne m’empêchera pas d’avoir goûté une si grande félicité à côté d’un si grand péril.

1. C’est que Pliocas a fait semblant de savoir qu’IIéraclius était fils de Maurice n’en étant pas certain, et voulant tirer cet aveu d’Astolphc. Ainsi, selon Calderon, tout eut menson(je et vérité. {Xote de Voltaire.)