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PREiMIÈRE JOURNÉE. 501

Au milieu de cette conversation arrivent Libia et Lûonide, qui se disent à peu près les mêmes choses que Cintia et Hcraclius se sont dites. Toutes ces scènes sont pleines de jeu de théâtre. Héraclius et Léonide sortent et rentrent. Pendant qu’ils* sont hors de la scène, les deux femmes troquent leurs manteaux ; les deux sauvages, en revenant, s’y méprennent, et concluent qu’Astolphe avait raison de dire que la femme est un tableau à, double visage. Cependant on cherche de tout côte le vieillard Astolphe, qui s’est retiré dans sa grotte. Enfin Phocas paraît avec sa suite, et trouve Cintia et Libia avec Héraclius et Léonide.

CINTIA, en montrant Héraclius à Phocas.

J’ai rencontré dans les forêts cette figure épouvantable,

LIBIA.

Et moi, j’ai rencontré cette figure horrible ; mais je ne trouve point cette vieille carcasse qui m’a fait tant de peur.

PHOCAS, aux deux sauvages.

\ ous me faites souvenir de mon premier état : qui êtes-vous ?

HÉIIACLIUS.

Nous ne savons rien de nous, sinon que ces montagnes ont été notre berceau, et que leurs plantes ont été notre nourriture : nous tenons notre férocité des bêtes qui l’habitent,

PHOCAS,

Jusqu’aujourd’hui j’ai su quelque chose de moi-même ; et vous autres, pourrai-je savoir aussi quelque chose de vous si j’interroge ce vieillard qui en sait plus que vous deux ?

LÉONIDE,

Nous n’en savons rien,

HÉRACLIUS,

ïu n’en sauras rien,

PHOCAS,

Comment ! je n’en saurai rien ? Qu’on examine toutes les grottes, tous les buissons, et tous les précipices. Les endroits les plus impé- nétrables sont sans doute sa demeure ; c’est là qu’il faut chercher,

UN SOLDAT.

Je vois ici l’entrée d’une caverne toute couverte de branches.

LIBIA,

Oui, je la reconnais ; c’est de là qu’est sorti ce spectre qui m’a fait tant de peur,

PHOCAS, à Libia.

£h bien ! entrez-y avec des soldats, et regardez au fond.

Héraclius et Léonide se mettent à l’entrée de la caverne.

LÉONIDE,

Que personne n’ose en approcher, s’il n’a auparavant envie de mourir.