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ACTE II, SCÈNE TV. 46 »

Voyant qui m’a fait naître et qui j’ai pour époux ’ ?

Confiez-vous à moi, soyez sûr du secret.

J’ai déjà sur moi-même essayé ma constance ;

J’ai percé d’un poignard ma cuisse en cet endroit :

J’ai soulïert sans me plaindre, et ne saurais me taire !

BRUTUS.

Dieux, qu’entends-je ? grands dieux ! rendez-moi digne d’elle. Écoute, écoute ; on frappe, on frappe ; écarte-toi. Bientôt tous mes secrets dans mon cœur enfermés Passeront dans le tien. Tu sauras tout, Porcie : Va, mes sourcils froncés prennent un air plus doux.

SCÈNE IV.

BRUTUS, LUCIUS, LIGxVRIUS.

LUCIUS, courant à la porte.

Qui va là ? répondez.

(En entrant, et adressant la parole à Brutus.)

Un homme languissant, n malade qui vient pour vous dire deux mots.

BRUTUS.

C’est ce Ligarius dont Cimber m’a parlé.

(À Lucius.)

Garçon, retire-toi. Eh bien ! Ligarius ?

LIGARIUS.

C’est d’une faible voix que je te dis bonjour.

BRUTUS.

Tu portes une écharpe ! hélas, quel contre-temps ! Que ta santé n’est-elle égale à ton courage !

LIGARIUS.

Si le cœur de Brutus a formé des projets

Oui soient dignes de nous, je ne suis plus malade.

1. Corneille dit la même chose dans Pompée. César parle ainsi à Cornclie (acte III, scène iv) :

Certes, vos sentiments font assez reconnaître Qui vous donna la main, et qui vous donna l’être : Et l’on juge aisément, au cœur que vous portez, Où vous êtes entrée, et de qui vous sortez.

11 est vrai qu’un vers suffisait, que cette noble pensée perd de son prix on étant répétée, retournée ; mais il est beau que Shakespeare et Corneille aient eu la môaie idée. (Note de Voltaire.)