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ACTE II, SCÈNE 1. 461

LUCIUS rentre.

Nous avons ce matin le quinzième du mois,

BRUïUS.

C’est fort bien ; cours ouvrir-, quelqu’un frappe à la porte.

(Lucius va ouvrir.)

Depuis que Cassius m’a parlé de César,

Mon cœur s’est écliauffé, je n’ai pas pu dormir.

Tout le temps qui s’écoule entre un projet terrible

Et l’accomplissement, n’est qu’un fantôme affreux,

Un rêve épouvantable, un assaut du génie.

Qui dispute en secret avec cet attentat ^ ;

C’est la guerre civile en notre âme excitée.

LUCIUS.

CaSsius votre frère- est là qui vous demande.

BRUTUS.

Est-il seul ?

LUCIUS.

Non, monsieur, sa suite est assez grande.

BRUTUS.

En connais-tu quelqu’un ?

LUCIUS.

Je n’en connais pas un. Couverts de leurs cbapeaux jusques à leurs oreilles\ Ils ont dans leurs manteaux enterré leurs visages, Et nul à Lucius ne s’est fait reconnaître : Pas la moindre amitié.

BRUTUS.

Ce sont nos conjurés. O conspiration ! quoi ! dans la nuit tu trembles. Dans la nuit favorable aux autres attentats ! Ah ! quand le jour viendra, dans quels autres profonds Pourras-tu donc cacher ton monstrueux visage ? Va, ne te montre point ; prends le masque imposant De l’affabilité, des respects, des caresses. Si tu ne sais cacher tes traits épouvantables. Les ombres de l’enfer ne sont pas assez fortes Pour dérober ta marche aux regards de César.

1. Il y a dans l’original : Le génie tient conseil avec ces instruments de mort. Cet endroit so retrouve dans une note de Cinna, mais moins exactement traduit. (Note de Voltaire.)

2. Votre frère veut dire ici votre ami.

3. Hats, chapeaux.