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ACTE DEUXIÈME.

SCÈNE T.

BRUÏUS, ET LUCIUS, l’un de ses domestiques, dans le jardin de la maison de Brutiis.

BRUTUS.

Ho ! Liiciiis ! holà ! j’observe en vain les astres ; Je ne puis deviner quand le jour paraîtra. Lucius ! je voudrais dormir comme cet homme, lié ! Lucius ! dehout ; éveille-toi, te dis-je.

LUCIUS.

M’appelez-vous, milord ?

BRUTUS.

Va chercher un flambeau, Va, tu le porteras dans ma bibliothèque. Et, dès qu’il y sera, tu viendras m’avertir,

(Brutus reste seul.)

Il faut que César meure… oui, Rome enfin Texige. Je n’ai point, je l’avoue, à me plaindre de lui ; Et la cause publique est tout ce qui m’anime. 11 prétend être roi !… Mais quoi ! le diadème Change-t-il, après tout, la nature de l’homme ? Oui, le brillant soleil fait croître les serpents. Pensons-y : nous allons l’armer d’un dard funeste, Dont il peut nous piquer sitôt qu’il le voudra. Le trône et la vertu sont rarement ensemble. Mais, quoi ! je n’ai point vu que César jusqu’ici Ait à ses passions accordé trop d’empire. N’importe… on sait assez quelle est l’ambition. L’échelle des grandeurs à ses yeux se présente ; Elle y monte en cachant son front aux spectateurs ; Et quand elle est au haut, alors elle se montre ; Alors, jusques au ciel élevant ses regards,