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ACTE I, SCÈNE IV. 447

Pesez-les ; tous les deux oui un poids bien égal.

Conjurez en ces noms les démons du ïartare,

Les dénions évoqués viendront également.

Je voudrais l)ien savoir ce que ce César mange

Pour s’être lait si grand. siècle ! ô jours honteux !

Rome ! c’en est fait ; tes enfants ne sont plus.

Tu formes des héros ; et, depuis le déluge,

Aucun temps ne te vit sans mortels généreux ;

Mais tes murs aujourd’hui contiennent un seul homme.

(Cassius continue, et dit :)

Ah ! c’est aujourd’hui que Roume existe en effet ; car il n’y a de roum (de place) que pour César-.

(Cassius acliùve son récit par ces vers :)

Ah ! dans Rome jadis il était un Brutus, Qui se serait soumis au grand diable d’enfer Aussi facilement qu’aux ordres d’un monarque.

BRUTUS.

Va, je me fie à toi ; tu me chéris, je t’aime :

Je vois ce que tu veux ; j’y pensai plus d’un jour :

Nous en pourrons parler ; mais, dans ces conjonctures,

Je te conjure, ami, de n’aller pas plus loin.

J’ai pesé tes discours ; tout mon cœur s’en occupe ;

\ous en reparlerons ; je ne t’en dis pas plus.

Va, sois SLir que Brutus aimerait mieux cent fois

Être un vil paysan, que d’être un sénateur.

Un citoyen romain menacé d’esclavage.

SCÈNE IV.

CESAR rentre avec tous SCS courtisans ; BRUTUS, CASSIUS. BRUTUS.

César est de retour. Il a fini son jeu,

1. Ces idées sont prises des contes do sorciers, qui étaient plus communs dans la superstitieuse Angleterre qu’ailleurs, ava^it que cette nation fût devenue philosophe, grâce aux Bacon, aux Shaftesbury, aux Collins, aux Wollaston, aux Dodwel, aux Middlcton, aux Bolingbroke, et à tant d’autres génies hardis. {Note de Voltaire.)

2. Il y a ici une plaisante pointe : Rome, en anglais, se prononce Roum ; et room, qui signifie place, se prononce aussi roum. Cela n’est pas tout à fait dans le style de Cinna : mais chaque peuple et chaque siècle ont leur style et leur sorte d’éloquence. {Note de Voltaire.)