ACTE I, SC1< : NE I. 44
Idiots, insensés, cervelles sans raison.
Cœurs durs, sans souvenir et sans amour de Rome,
Oubliez-vous Pompée, et toutes ses vertus ?
Que de fois dans ces lieux, dans les places publiques.
Sur les tours, sur les toits, et sur les cheminées.
Tenant des jours entiers vos enfants dans vos bras,
Attendiez-vous le temps où le char de Pompée
Traînait cent rois vaincus au pied du Capitole !
Le ciel retentissait de vos voix, de vos cris.
Les rivages du Tibre et ses eaux s’en émurent.
Quelle fête, grands dieux ! vous assemble aujourd’hui ?
Quoi ! vous couvrez de fleurs le chemin d’un coupable,
Du vainqueur de Pompée, encor teint de son sang !
Lâches, retirez-vous ; retirez-vous, ingrats :
Implorez à genoux la clémence des dieux ;
Tremblez d’être punis de tant d’ingratitude ^
FLAVIUS.
Allez, chers compagnons, allez, compatriotes ; Assemblez vos amis, et les pauvres surtout ; Pleurez aux bords du Tibre, et que ces tristes bords Soient couverts de ses flots qu’auront enflés vos larmes.
(Le peuple s’en va.)
Tu les vois, Marullus, à peine repentants ; Mais ils n’osent parler, ils ont senti leurs crimes. Va vers le Capitole, et moi par ce chemin, Renversons d’un tyran les images sacrées.
MARULLUS.
Mais quoi ! le pouvons-nous, le jour des lupercales ?
FLAVIUS.
Oui, te dis-je, abattons ces images funestes. Aux ailes de César il faut ôter ces plumes : Il volerait trop haut, et trop loin de nos yeux : Il nous tiendrait de loin dans un lâche esclavage.
1. Si le commencement de la scène e ? t pour la populace, ce morceau est pour la cour, pour les hommes d’État, pour les connaisseurs. {Xute de Voltaire.]