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YDASAN.
(Il marche vers Polycrate.)


Prince, vous connaissez les droits du genre humain ?

POLYCRATE.

Quel est cet étranger ? quel est ce téméraire ?

YDASAN.

Un homme, un citoyen, un vieux soldat, un père.

POLYCRATE.

Que me demandes-tu ?

YDASAN.

La justice, mon sang.
Je ne crois point blesser l’éclat de votre rang
Mais gardez les traités ; rendez la jeune Ydace,
Reste unique échappé des malheurs de ma race :
J’en apporte le prix.

POLYCRATE, aux siens.

Qu’on dérobe à mes yeux
D’un vieillard indiscret l’aspect injurieux.

ARGIDE.

Mon frère, il ne vous fait qu’une juste demande.

POLYCRATE.

Soldats, qu’on obéisse alors que je commande.
Qu’on l’éloigne.

YDASAN.

Ah ! grands dieux, rendez-moi donc le temps
Où ma main vous servait et frappait les tyrans.
Faut-il que de mes ans la triste décadence
Me laisse à leurs genoux expirer sans vengeance !


Scène II.



POLYCRATE, ARGIDE.


ARGIDE.

Vous pouviez lui répondre avec plus de bonté ;
Mon frère, un vieux soldat doit être respecté.

POLYCRATE.

Non, mon frère : apprenez que je perdrais la vie
Avant que ma captive à mes mains fût ravie.
Ni la sévérité de mon père en courroux,
Ni tous ces vains traités qui parlent contre nous,