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ACTi- : 11, sci-.XE m.

TUANSTAMAUE.

S’il on est une au ciel, c’est pour vous que je crains, (lardez-vous de lasser sa longue patience.

DON PÈDRE, tirant à moitié son épée.

Tu mets à bout la mienne avec tant d’insolence. Perfide, défends-toi contre ce fer vengeur.

TRANSTAMARE, mettant aussi la main à l’épée.

Sire, oseriez-vous bien me faire cet honneur ?

LEONORE, so jetant entre eux, tandis que Mendose et Almède les séparent.

Arrêtez, inhumains ; cessez, barbares frères !

Cieux toujours offensés ! destins toujours contraires !

Verrai-je en tous les temps ces deux infortunés

Prêts à souiller leurs mains du sang dont ils sont nés ?

N’entendront-ils jamais la voix de la nature ?

DOiN PÈDRE.

Ah ! je n’attendais pas cette nouvelle injure, Et que, pour dernier trait, Léonore aujourd’hui Pût, en nous égalant, me confondre avec lui. C’en est trop.

LÉONORE.

Quoi ! c’est vous qui m’accusez encore ! DON pî : dre. Et vous me trahiriez ! vous, dis-je, Léonore !

LÉONORE.

Et vous me reprochez, dans ce désordre affreux,

De vouloir épargner un crime à tous les deux !

Vous me connaissez mal : apprenez l’un et l’autre

Quels sont mes sentiments, et mon sort, et le vôtre.

Transtamare, sachez que vous n’aurez enfin,

Quand vous seriez mon roi, ni mon cœur, ni ma main.

Sire, tombe sur moi la justice éternelle,

Si jusqu’à mon trépas je ne vous suis fidèle !

Mais la guerre civile est horrible à mes yeux ;

Et je ne puis me voir entre deux furieux,

Misérable sujet de discorde et de haine.

Toujours dans la terreur, et toujours incertaine

Si le seul de vous deux qui doit régner sur moi

Ne me fait pas l’affront de douter de ma foi.

Vous m’arrachiez, soigneur, au solitaire asile

Où mon cœur, loin de vous, était du moins tranquille.

Je me vois exilée en ce cruel séjour.

Dans cet autre sanglant que vous nommez la cour.