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ÉPITRE DÉDICATOIRE

A M. D’ALEMBERT

SECRÉTAIRE PERPÉTUEL DE L’ACADÉMIE FRANÇAISE,

MEMBRE DE L’ACADÉMIE DSS SCIENCES, KTC.

PAR L’ÉDITEUR DE LA TRAGÉDIE DE DON PEDRE.

Monsieur,

Vous êtes assurément une de ces Ames privilégiées dont

l’auteur de Don Pedre parle dans son discours[1]. Vous êtes de ce petit nombre d’hommes qui savent embellir l’esprit géométrique par l’esprit de la littérature. L’Académie française a bien senti, en vous choisissant pour son secrétaire perpétuel[2], et en rendant cet hommage à la profondeur des mathématiques, qu’elle en rendait un autre au bon goût et à la vraie éloquence. Elle vous a jugé comme l’Académie des sciences a jugé M. le marquis de Condorcet[3] ; et tout le public a pensé comme ces deux compagnies respectables. Vous faites tous deux revivre ces anciens temps où les plus grands philosophes de la Grèce enseignaient les principes de l’éloquence et de l’art dramatique.

Permettez, monsieur, que je vous dédie la tragédie de mon

ami, qui, étant actuellement trop éloigné de la France, ne peut avoir l’honneur de vous la présenter lui-même. Si je mets votre nom à la tète de cette pièce, c’est parce que j’ai cru voir en elle

  1. Voyez le Discours historique et critique qui suit.
  2. L’élection de d’Alembert à cette place est du 9 avril 1772. Il succédait à Duclos.
  3. Condorcet, membre de l’Académie des sciences depuis 1769, en avait été nommé secrétaire perpétuel au mois de mars 1773. Il n’était alors âgé que de trente ans.