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EPITRE DÉDICATOIRE

À MONSEIGNEUR I.E DUC DE RICHELIEU

P A 1 U K T MARÉCHAL 1) E F K A N C E

< ; GOUVERNEUR DE (iUrENNE, PREMIER GENTILHOMME

DE LA CHAMBRE DU ROI, ETC.

Monseigneur,

il y cl plus de cinquante ans que vous daignez m’ainier. Je dirai à notre doyen de l’Académie ’, avec Varron (car il faut toujours citer quelque ancien, pour en imposer aux modernes) :

Est aliquid sacri in aiili(iuis necessitudinibus.

Ce n’est pas qu’on ne soit aussi très-invariablement attaché à ceux <{ui nous ont prévenus depuis par des bienfaits, et à qui nous devons une reconnaissance éternelle ; mais antiqua necessitiulo est toujours la plus grande consolation de la vie.

La nature m’a fait votre doyen, et l’Académie vous a fait le notre : permettez donc qu’à de si justes titres je vous dédie une tragédie qui serait moins mauvaise si je ne l’avais pas faite loin de vous. J’atteste tous ceux qui vivent avec moi que le feu de ma jeunesse m’a fait composer ce petit drame en moins de huit jours, pour nos amusements de campagne ; qu’il n’était point destiné au théâtre de Paris, et qu’il n’en est pas meilleur pour tout cela. Mon hut était d’essayer encore si l’on pouvait faire réussir en France une tragédie profane qui ne fût pas fondée sur une intrigue

I. Richelieu avait été reçu à l’Académie française en 1720, vingt-six ans avant Voltaire. (B.)