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ACTE IV, SCÈNE II. <33

me (; auf :. Ouel appareil torriblo, et quelle triste paix ! On borde de soldats le temple et le palais : J’ai vu le fier Atrée ; il semble qu’il médite Quelque profond dessein qui le troul)le et l’agite.

ÉROPE.

Je dois m’attendre à tout sans me plaindre de lui.

Mégare, contre moi tout conspire aujourd’hui !

Ce temple est un asile, et je m’y réfugie.

J’attendris sur mes maux le cœur d’Hippodamie ; —J’y trouve une pitié (^ue les cœurs vertueux — Ont pour les criminels quand ils sont malheureux,

Que tant d’autres, hélas ! n’auraient point éprouvée.

Aux autels de nos dieux je me crois réservée ;

Thyeste m’y poursuit quand je veux m’y cacher ;

Ln époux menaçant vient encor m’y chercher ;

Soit qu’un reste d’amour vers moi le détermine.

Soit que, de son rival méditant la ruine,

11 exerce avec lui l’art de dissimuler,

À son trône, à son lit il ose m’appeler.

Dans quel état, grands dieux ! quand le sort qui m’opprime

Peut remettre en ses mains le gage de mon crime.

Quand il peut tous les deux nous punir sans retour,

Moi d’être une infidèle, et mon fils d’être au jour !

MÉGARE.

Puisqu’il veut vous parler, croyez que sa colère S’apaise enfin pour vous, et n’en veut qu’à son frère. Vous êtes sa conquête… il a su l’obtenir.

ÉROPE.

C’en est fait, sous ses lois je ne puis revenir. La gloire de tous trois doit encor nVôtre chère ; Je ne lui rendrai point une épouse adultère. Je ne trahirai point deux frères à la fois. Je me donnais aux dieux, c’était mon dernier choix : Ces dieux n’ont point reçu l’offrande partagée D’une âme faible et tendre en ses erreurs plongée. Je n’ai plus de refuge, il faut suhir mon sort ; Je suis entre la honte et le coup de la mort ; Mon cœur est à Thyeste, et cet enfant lui-même, Cet enfant qui va perdre une mère qui l’aime. Est le fatal lien qui m’unit malgré moi Au criminel amant qui m’a ravi ma foi.