Qui parle ici de votre fille ?
De qui donc parlez-vous ?
De la belle Ninon,
Que j’épouse ce soir, ici, dans sa maison ;
Je vous prie à la noce, et vous devez en être.
Comment ! vous épousez notre Ninon ?
Mon maître,
Est-il bien vrai ?
Très vrai.
J’en suis, parbleu, touché.
Vous ne pourriez jamais faire un meilleur marché.
Et moi je vous disais que je donne Sophie
À mon petit Gourville, et qu’elle s’est blottie
Chez vous, en votre absence, et qu’elle en va sortir
Pour serrer ces doux nœuds que je viens d’assortir,
Et qu’il nous faut donner, pour aider leur tendresse,
Cent mille francs comptant que vous avez en caisse.
Oui, tant qu’il vous plaira, mariez-vous ici ;
Mais, parbleu, permettez qu’on se marie aussi.
Rêvez-vous, mes voisins ? Et ce petit délire
Vous prend-il quelquefois ? Qui diable a pu vous dire
Que Sophie est chez moi, que Gourville aujourd’hui
Aura cent mille francs qui sont tout prêts pour lui ?
Je le tiens de sa bouche.
Il nous l’a dit lui-même.
De ce jeune étourdi la folie est extrême ;
Il séduit tour à tour les filles du Marais ;
Il leur fait des serments d’épouser leurs attraits ;
Et pour les mieux tromper, il fait accroire aux mères