Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome6.djvu/453

Cette page n’a pas encore été corrigée

ACTE IV


Scène I

.

Le Jeune Gourville, Lisette
LE JEUNE GOURVILLE.

J’y songe, j’y resonge, et tout cela, Lisette,
Me paraît impossible.

LISETTE.

Oui, mais la chose est faite.

LE JEUNE GOURVILLE.

N’importe, mon enfant, qu’elle soit faite ou non,
Ta maîtresse à ce point ne perd pas la raison.

LISETTE.

Bon ! je la perds bien, moi, monsieur, moi qui raisonne,
Pour ce petit Picard.

LE JEUNE GOURVILLE.

Picard passe, ma bonne ;
Mais pour Garant, l’objet de son aversion,
Un fat, un plat bourgeois, un ennuyeux fripon…

LISETTE.

Ah ! la femme est si faible !

LE JEUNE GOURVILLE.

Il est très vrai, ma reine,
Vous passez volontiers de l’amour à la haine ;
Des exemples frappants le montrent chaque jour ;
Mais vous ne passez point du mépris à l’amour.

LISETTE.

Tout ce qu’il vous plaira ; mais j’ai quelques lumières ;
J’en sais autant que vous sur ces grandes matières :
Un abbé, grand ami de madame Ninon,
Qui, dans mon jeune temps, fréquentait la maison,
Et qui même, entre nous, eut du goût pour Lisette,