ACTE II, SCÈNE II. 2t), |
SCÈNE II.
OBÉIDE, SULMA, INDATIRE.
INDATIRE,
Cet autel me rappelle en ces forêts si chères ; Tu conduis tous mes pas ; je devance nos pères : Je viens lire en tes yeux, entendre de ta voix, Que ton heureux époux est nommé par ton choix : — L’hymen est parmi nous le nœud que la nature ’Forme entre deux amants de sa main libre et pure ; Chez les Persans, dit-on, l’intérêt odieux, Les folles vanités, Torgueil ambitieux. De cent bizarres lois la contrainte importune, Soumettent tristement l’amour à la fortune : Ici le cœur fait tout, ici Ton vit pour soi ; D’un mercenaire hymen on ignore la loi ; On fait sa destinée. Une fille guerrière De son guerrier chéri court la noble carrière, Se plaît à partager ses travaux et son sort. L’accompagne aux combats, et sait venger sa mort’. Préfères-tu nos mœurs aux mœurs de ton empire ? La sincère Obéide aime-t-elle Indatire ?
OBÉIDE.
Je connais tes vertus, j’estime ta valeur, Et de ton cœur ouvert la naïve candeur ; Je te l’ai déjà dit, je l’ai dit à mon père ; Et son choix et le mien doivent te satisfaire.
INDATIRE.
Non, tu semblés parler un langage étranger,
Et même en m’approuvant tu viens de m’affliger.
Dans les murs d’Ecbatane est-ce ainsi qu’on s’explique ?
Obéide, est-il vrai qu’un astre tyrannique
Dans cette ville immense a pu te mettre au jour ?
Est-il vrai que tes yeux brillèrent à la cour.
Et que l’on t’éleva dans ce riche esclavage
Dont à peine en ces lieux nous concevons l’image ?
Dis-moi, chère Obéide, aurais-je le malheur
Que le ciel t’eût fait naître au sein de la grandeur ?
1. Ces vers préparent lo cinquième acte.