258 VARIANTES DU TRIUMVIRAT.
Mais ce meurtre hardi rallume mon courroux. Quoi ! dans le mûmc jour où Julie expirante Par le sort est jetée en cette île sanglante, Un meurtrier pénètre au milieu de la nuit, À travers de ma garde, en ma tente, à mon lit ! Deux femmes, contre nous par la fureur unies, À cet étrange excès se seront enhardies ! Julie aime Pompée, et par ce coup sanglant Elle a voulu venger le sang de son amant. Dans l’école du meurtre elle s’est introduite ; Elle en a profité ; je vois qu’elle m’imite.
ANTOINE.
jN’ous allons démêler le fil de ces complots.
OCTAVE.
Je suis assez instruit, et trop pour mon repos !
Je me vois détesté : que savoir davantage ?
On ne m’apprendra point un plus sensible outrage.
Page 236, vers 4 :
JULIE.
Je ne m’en défends plus : oui, je suivais sa trace, Oui, j’attachais mon sort à sa noble disgrâce. J’ai préféré Pompée abandonné des dieux, A César fortuné, puissant, victorieux.
Que me reprochez-vous ? cent peuples en alarmes Ou rampent sous vos fers, ou tombent sous vos armes ; Le monde épouvanté reconnaît votre loi ; Au fils du grand Pompée il ne reste que moi. Oui, mon cœur est à lui ; laissez-lui son partage ; Respectez ses malheurs, respectez son courage. J’ai voulu rapprocher, après tant de revers. Deux noms aimés du ciel et chers à l’univers. Dignes do notre race en héros si féconde. Nous nous aimions tous deux pour le bonheur du monde.
Voilà mon crime, Octave ; osez-vous m’en punir ? Dans vos indignes fers m’osez-vous retenir ? Quand César a pleuré sur la cendre du père. Portez-vous sur le fils une main sanguinaire ? Il l’honora dans Rome, et surtout aux combats.
FIN DES VARIANTES DU TRIUMVIRAT.