ACTE II
Scène I
Quoique cette scène et beaucoup d’autres se passent dans l’intérieur du temple, cependant, comme les théâtres sont rarement construits d’une manière favorable à la voix, les acteurs sont obligés d’avancer dans le péristyle ; mais les trois portes du temple, ouvertes, désignent qu’on est dans le temple.
Quoi ! Dans ces jours sacrés ! Quoi ! Dans ce temple auguste
Où Dieu pardonne au crime, et console le juste,
Une seule prêtresse oserait nous priver
Des expiations qu’elle doit achever !
Quoi ! D’un si saint devoir Arzane se dispense ?
Arzane en sa retraite, obstinée au silence,
Arrosant de ses pleurs les images des dieux,
Seigneur, vous le savez, se cache à tous les yeux ;
En proie à ses chagrins, de langueur affaiblie,
Elle implore la fin d’une mourante vie.
Nous plaignons son état, mais il faut obéir ;
Un moment aux autels elle pourra servir.
Depuis que dans ce temple elle s’est enfermée,
Ce jour est le seul jour où le sort l’a nommée :
Qu’on la fasse venir[2]. La volonté du ciel
Demande sa présence, et l’appelle à l’autel.