Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome5.djvu/615

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ACTE CINQUIÈME





Scène I.

DAVID, assis devant une table ; ses OFFICIERS autour de lui.
DAVID.

Six cent quatre-vingt-quatorze schellings et demi d’une part, et de l’autre cent treize un quart, font huit cent sept schellings trois quarts : c’est donc là tout ce qu’on a trouvé dans mon trésor ; il n’y a pas là de quoi payer une journée à mes gens.

UN CLERC DE LA TRÉSORERIE.

Milord, le temps est dur.

DAVID.

Et vous l’êtes encore bien davantage : il me faut de l’argent, entendez-vous ?

JOAB.

Milord, Votre Altesse royale est volée comme tous les autres rois : les gens de l'échiquier, les fournisseurs de l'armée, pillent tous ; ils font bonne chère à nos dépens, et le soldat meurt de faim.

DAVID.

Je les ferai scier en deux[1] ; en effet, aujourd’hui nous avons fait la plus mauvaise chère du monde.

JOAB.

Cela n’empêche pas que ces fripons-là ne vous comptent tous les jours pour votre table[2] trente bœufs gras, cent moutons gras, autant de cerfs, de chevreuils, de bœufs sauvages, et de chapons ; trente tonneaux de fleur de farine, et soixante tonneaux de farine ordinaire.

  1. C’est ainsi que le saint roi David en usait avec tous ses prisonniers, excepté quand il les faisait cuire dans des fours. (K.)
  2. Rois, II, chap. iv.