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Chers Hébreux, par le ciel envoyés[1].
Dans le sang vous baignerez vos pieds ;
Et vos chiens s’engraisseront
De ce sang qu’ils lécheront.

Ayez soin, mes chers amis[2].
De prendre tous les petits
Encore à la mamelle ;
Vous écraserez leur cervelle
Contre le mur de l’infidèle ;
Et vos chiens s'engraisseront
De ce sang qu’ils lécheront.

BETHSABÉE.

Sont-ce là vos chansons gaillardes ?

DAVID, en chantant et dansant.

Et vos chiens s’engraisseront
De ce sang qu’ils lécheront.

BETHSABÉE.

Finissez donc vos airs de corps de garde ; cela est abominable : il n'y a point de sauvage qui voulût chanter de telles horreurs[3] : les bouchers des peuples de Gog et de Magog en auraient honte.

DAVID, toujours sautant.

Et vos chiens s’engraisseront
De ce sang qu’ils lécheront.

BETHSABÉE.

Je m’en vais, si vous continuez à chanter ainsi, et à sauter comme un ivrogne. Vous montrez tout ce que vous portez : fi ! quelles manières !

DAVID.

Je danserai, oui, je danserai ; je serai encore plus méprisable, je danserai devant des servantes ; je montrerai tout ce que je porte, et ce me sera gloire devant les filles[4]

  1. « Ut intingatur pes tuus in sanguine, lingua canum tuorum ex inimicis ab ipso. » Ps. lxviii, 24.
  2. « Beatus qui tenebit et allidot parvulos tuos ad petram ! » Ps. cxxxvi, 9.
  3. C’est à cette occasion que l’auteur appelle David the Nero of the Hebrews, page 87.
  4. Rois, II, chap. vi, versets 20, 21. — Presque toutes les paroles que les acteurs prononcent sont tirées des livres judaïques, soit chroniques, soit paralipomènes, soit psaumes. (K.)