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ACTE TROISIÈME.





Scène I.


DAVID et ses capitaines

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DAVID.

Saül a donc été tué[1], mes amis ? son fils Jonathas aussi ? et je suis roi d’une petite partie du pays légitimement ?

JOAB.

Oui, milord[2] ; Votre Altesse royale a très-bien fait de faire pendre celui[3] qui vous a apporté la nouvelle de la mort de Saül ; car il n’est jamais permis de dire qu’un roi est mort : cet acte de justice vous conciliera tous les esprits ; il fera voir qu’au fond vous aimiez votre beau-père, et que vous êtes un bonhomme.

DAVID.

Oui ; mais Saül laisse des enfants : Isboseth, son fils, règne déjà sur plusieurs tribus[4] ; comment faire ?

JOAB.

Ne vous mettez point en peine ; je connais deux coquins[5] qui doivent assassiner Isboseth, s’ils ne l’ont déjà fait ; vous les ferez pendre tous deux, et vous régnerez sur Juda et Israël.

DAVID.

Dites-moi un peu, vous autres, Saül a-t-il laissé beaucoup d’argent ? Serai-je bien riche ?

ABIÉZER.

Hélas ! nous n’avons pas le sou : vous savez qu’il y a deux

  1. Rois, I, chap. XXXI, versets 2, 3, 4 ; — II, chap. i, versets 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10.
  2. Cette pièce étant une prétendue traduction de l’anglais, Voltaire fait parler ses personnages à la Shakespeare. (G. A.)
  3. Rois, II, chap. I, verset 15.
  4. Rois, 11, chap. ii, versets 8, 9, 10.
  5. Rechab et Baana : Rois, 11, chap. iv, versets 5, 6, 7.