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ACTE DEUXIÈME.

SCÈNE f.

AMÉNAÏDE.

OÙ porté-je mes pas ?… d’où vient que je frissonne ? Moi, des remords ! qui, moi ? le crime seul les donne… Ma cause est juste… cieux ! protégez mes desseins !

(À Fanie, qui entre.)

Allons, rassurons-nous… Suis-je en tout obéie ?

FANIE.

\ otre esclave est parti ; la lettre est dans ses mains.

AMÉNAÏDE.

Il est maître, il est vrai, du secret de ma vie :

Mais je connais son zèle ; il nia toujours servié.

On doit tout quelquefois aux derniers des humains.

Né d’aïeux musulmans chez les Syracusains,

Instruit dans les deux lois et dans les deux langages.

Du camp des Sarrasins il connaît les passages.

Et des monts de TEtna les plus secrets chemins :

C’est lui qui découvrit, par une course utile.

Que Tancrède en secret a revu la Sicile ;

C’est lui par qui le ciel veut changer mes destins.

Ma lettre, par ses soins, remise aux mains d’un Maure,

Dans Messine demain doit être avant l’aurore.

Des Maures et des Grecs les besoins mutuels

Ont toujours conservé, dans cette longue guerre.

Une correspondance à tous deux nécessaire ;

Tant la nature unit les malheureux mortels !

1. « Mes anges voient bien, écrit Voltaire aux d’Argental, qu’à l’égard du billot porté par le balourd, quatre vers au plus suffiront pour graisser cette poulie… Lu confidente peut dire : « Il nous fut attaché, etc.)>, et en faire un excellent domestiqiio qui fait pendre sa maîtresse en ne disant pas son secret. »