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ACTE I, SCÈNE I. 503

Vivons et périssons sans avoir eu de maître.

ORBASSAN.

Argire, il est trop vrai que les divisions

Ont régné trop longtemps entre nos deux maisons :

L’État en fut troublé ; Syracuse n’aspire

Qu’à voir les Orbassans unis au sang d’Argire.

Aujourd’hui l’un par l’autre il faut nous protéger. En citoyen zélé j’accepte votre fille ; Je servirai l’État, vous, et votre famille ; Et, du pied des autels où je vais m’engager, Je marche à Solamir et je cours vous venger.

Mais ce n’est pas assez de combattre le Maure ; Sur d’autres ennemis il faut jeter les yeux : Il fut d’autres tyrans non moins pernicieux, Que peut-être un vil peuple ose chérir encore.

De quel droit les Français, portant partout leurs pas. Se sont-ils établis dans nos riches climats ? De quel droit un Goucy ^ vint-il dans Syracuse, Des rivesde la ^eine aux bords de l’Arétuse ? D’abord modeste et simple, il voulut vous servir ; Bientôt her et superbe, il se lit obéir. Sa race, accumulant d’immenses héritages. Et d’un peuple ébloui maîtrisant les suffrages. Osa sur ma famille élever sa grandeur. Nous l’en avons punie, et, malgré sa faveur. Nous voyons ses enfants bannis de nos rivages. Tancrède-, un rejeton de ce sang dangereux. Des murs de Syracuse éloigné dès l’enfance, A servi, nou« dit-on, les Césars de Byzance ; Il est fier, outragé, sans doute valeureux : Il doit haïr’nos lois, il cherche la vengeance. Tout Français est à craindre : on voit même en ; nos jours Trois simples écuyers-’, sans bien et -sans secours, Sortis des flancs glacés de l’humide Neustrie^^, Aux champs Apuhens"’se faire une patrie ;

1. Un seigneur déCoucy s’établit en Sicile du temps de Charles le Chauve,

2. Ce n’est pas Tancrède de Hautcville, qui n’alla eu Italie que quelque temps après.

3. Les premiers Normands qui passèrent dans la Pouiile, Drogon, Bateric et Ripostel.

i, La Normandie.

5. Le pays de Naples. {Notes de Voltaire.)