Est-elle un sentiment qu’on ne connaisse pas ?
Et ne puis-je implorer votre voix favorable ?
Quand l’arrêt est porté, qui conseille est coupable.
Vous n’êtes plus ici sous vos antiques rois,
Qui laissaient désarmer la rigueur de leurs lois.
D’autres temps, d’autres mœurs : ici règnent les armes ;
Nous ne connaissons point les prières, les larmes.
On commande, et la terre écoute avec terreur.
Demeurez, attendez l’ordre de l’empereur.
Scène III.
Dieu des infortunés, qui voyez mon outrage,
Dans ces extrémités soutenez mon courage ;
Versez du haut des cieux, dans ce cœur consterné,
Les vertus de l’époux que vous m’avez donné.
Scène IV.
Non, je n’ai point assez déployé ma colère,
Assez humilié votre orgueil téméraire,
Assez fait de reproche aux infidélités
Dont votre ingratitude a payé mes bontés.
Vous n’avez pas conçu l’excès de votre crime,
Ni tout votre danger, ni l’horreur qui m’anime,
Vous, que j’avais aimée, et que je dus haïr ;
Vous, qui me trahissiez, et que je dois punir.
Ne punissez que moi ; c’est la grâce dernière
Que j’ose demander à la main meurtrière
Dont j’espérais en vain fléchir la cruauté.
Éteignez dans mon sang votre inhumanité.
Vengez-vous d’une femme à son devoir fidèle ;
Finissez ses tourments.
Je ne le puis, cruelle ;