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Vont de mon maître encor signaler le courroux,
Et la destruction commencera par vous.
La nuit vient, le jour fuit ; vous, avant qu’il finisse,
Si vous aimez la vie, allez, qu’on obéisse.


Scène V.

ZAMTI, IDAMÉ.
idamé

Où sommes-nous réduits ? Ô monstres ! Ô terreur !
Chaque instant fait éclore une nouvelle horreur,
Et produit des forfaits dont l’âme intimidée
Jusqu’à ce jour de sang n’avait point eu d’idée.
Vous ne répondez rien ; vos soupirs élancés
Au ciel qui nous accable en vain sont adressés.
Enfant de tant de rois, faut-il qu’on sacrifie
Aux ordres d’un soldat ton innocente vie ?

zamti

J’ai promis, j’ai juré de conserver ses jours.

idamé

De quoi lui serviront vos malheureux secours ?
Qu’importent vos serments, vos stériles tendresses ?
Êtes-vous en état de tenir vos promesses ?
N’espérons plus.

zamti

N’espérons plus.Ah ciel ! Eh quoi ! Vous voudriez
Voir du fils de mes rois les jours sacrifiés ?

idamé

Non, je n’y puis penser sans des torrents de larmes,
Et si je n’étais mère, et si, dans mes alarmes,
Le ciel me permettait d’abréger un destin
Nécessaire à mon fils élevé dans mon sein,
Je vous dirais : mourons, et, lorsque tout succombe,
Sur les pas de nos rois descendons dans la tombe.

zamti

Après l’atrocité de leur indigne sort,
Qui pourrait redouter et refuser la mort ?
Le coupable la craint, le malheureux l’appelle,
Le brave la défie, et marche au-devant d’elle ;