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286 VARIANTES DE ROME SAUVÉE.

Qu’on le donne au plus digne, et je révère en lui

Un pouvoir dangereux, nécessaire aujourd’hui.

Que Rome seule parle, et soit seule servie ;

Point d’esprit de parti, de cabales, d’envie.

De faibles intérêts, de sentiments jaloux :

C’est par là que jadis Sylla régna sur vous ;

Par là, sous Marins, j’ai vu tomber vos pères.

Des tyrans moins fameux, cent fois plus sanguinaires.

Tiennent le bras levé, les fers, et le trépas ;

Je les montre à vos yeux : ne les voyez-vous pas ?

Écoutez-vous sur moi l’envie et les caprices ?

Oubliez qui je suis, songez à mes services ;

Songez à Rome, à vous qui vous sacrifiez,

Non à de vains honneurs qu’on m’a trop enviés.

Allez, ferme Caton, présidez à ma place.

César, soyez fidèle ; et que l’antique audace

Du brave Lucullus, de Crassus, de Céson,

S’allume au feu divin de l’âme de Caton.

Je cours en tous les lieux où mon devoir m’oblige.

Où mon pays m’appelle, où le danger m’exige.

Je vais combler l’abîme entrouvert sous vos pas,

Et malgré vous, enfin, vous sauver du trépas.

(U sort avec le sénat.) C ATILINA, à Cicéron. J’atteste encor les lois que vous osez enfreindre : Vous allumez un feu qu’il vous fallait éteindre. Un feu par qui bientôt Rome s’embrasera ; Mais c’est dans votre sang que ma main l’éteindra.

CÉTHÉGUS.

Viens, le sénat encor hésite et se partage : Tandis qu’il délibère, achevons notre ouvrage.

Page 235, vers 14. — C’est probablement à ce vers et au suivant que devaient être substitués ceux que Voltaire rapporte dans sa lettre à d’Argental, du 6 février 1752 :

J’ai vécu pour vous seul, et ne suis point entrée Dans ces divisions dont Rome est déchirée. (B.)

Ibid., vers 2’ !. — Dans sa lettre à d’Argental, de septembre 1751, ce vers est ainsi cité :

Et pour mieux l’égorger le prenant dans mes bras. (B.) Page 2o9, scène r". — Édition de Berlin :

SCÈNE I.

CICÉROiN, licteurs ; LENTULUS et CÉTHÉGUS, enchaînés.

CICÉP. 0\, aux soldats. Allez de tous côtés, poursuivez ces pervers. Et qu’en ce moment même on les charge de fers !