Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome5.djvu/286

Cette page n’a pas encore été corrigée

276 VARIANTES DE ROME SAUVÉE.

SCÈNE II. CATILIiNA, LENTULUS, CÉTHÉGUS.

LENTLLUS.

Tandis que ton armée approche de ces lieux, Sais-tu ce qui se passe en ces murs odieux ?

CATII.IN A.

Je sais que d’un consul la sombre défiance Se livre à des terreurs qu’il appelle prudence. Sur le vaisseau public, ce pilote égaré Présente à tous les vents un flanc mal assuré : Il s’agite au hasard, à l’orage il s’apprête, . Sans savoir seulement d’où viendra la tempête.

L E N T U MJ s.

11 la prévoit du moins : des chevaliers romains Déjà du Champ de Mars occupent les chemins ; Pétréius est mandé vers la porte Colline, Il envoie à Préneste, on marche à Terracine ; Il sera dans une heure instruit de ton dessein.

C ATI LIN A.

En recevant le coup il connaîtra la main ;

Une heure me suffit pour mettre Home en cendre ;

Ciccron contre moi ne peut rien entreprendre.

Ne crains rien du sénat, ce corps faible et jaloux

Avec joie en secret l’abandonne à nos coups.

Ce sénat divisé, ce monstre à tant de têtes,

Si fier de sa noblesse, et plus de ses conquêtes,

Voit avec les transports de l’indignation

Les souverains des rois respecter Cicéron :

Lucullus, Glodius, les Nérons, César même,

Frémissent comme nous de sa grandeur suprême.

Ce Samnite arrogant croit leur donner la loi.

11 a dans le sénat plus d’ennemis que moi.

César n’est point à lui, Crassus le sacrifie.

J’attends tout de ma main, j’attends tout de l’envie ;

C’est un homme expirant qu’on voit d’un faible effort

Se débattre et tomber dans les bras de la mort.

LENTULUS.

Oui, nous le haïssons ; mais il parle, il entraîne, Il fait pâlir l’envie, il subjugue la haine ; Je le crains au sénat.

CATILINA.

Je le brave en tous lieux. J’entends avec mépris ses cris injurieux. Qu’il déclame à son gré jusqu’à sa dernière heure, Qu’il triomphe au sénat, qu’on l’admire, et qu’il meure. Vers ces lieux souterrains nous allons rassembler Ces vengeurs, ces héros, prêts à se signaler. Rassurez cependant mon épouse éperdue, A nos grands intérêts accoutumez sa vue ;