Mais si Catilina, par sa femme séduit,
De tant de nobles soins nous ravissait le fruit !
Tout homme a sa faiblesse, et cette ame hardie
Reconnaît en secret l’ascendant d’Aurélie.
Il l’aime, il la respecte, il pourra lui céder.
Sois sûr qu’à son amour il saura commander.
Mais tu l’as vu frémir ; tu sais ce qu’il en coûte,
Quand de tels intérêts…
Caton approche, écoute.
(Lentulus et Céthégus s’asseyent à un bout de la salle)
Scène 2
Lucullus, je me trompe, ou ces deux confidents
S’occupent en secret de soins trop importants.
Le crime est sur leur front, qu’irrite ma présence.
Déjà la trahison marche avec arrogance.
Le sénat qui la voit cherche à dissimuler.
Le démon de Sylla semble nous aveugler.
L’âme de ce tyran dans le sénat respire.
Je vous entends assez, Caton ; qu’osez-vous dire ?
Que les dieux du sénat, les dieux de Scipion,
Qui contre toi, peut-être, ont inspiré Caton,
Permettent quelquefois les attentats des traîtres ;
Qu’ils ont à des tyrans asservi nos ancêtres ;
Mais qu’ils ne mettront pas en de pareilles mains
La maîtresse du monde et le sort des humains.
J’ose encore ajouter que son puissant génie,
Qui n’a pu qu’une fois souffrir la tyrannie,