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SUR L’ÉLECTIF DE SOPHOCLE. 474

contraster le caractère des deux sœurs. Isniène et Clirysotliéinis ont la même compassion et la même tendresse pour Antigone et pour Electre, pour Oreste et pour Polynice : la différence est qu’Anligone ayant un peu moins de dureté qu’Electre, Ismène, de son côlé^ a un j)eu plus de fermeté que (ilirysothéniis.

L’exposition produisait d’abord un spectacle frappant et un très-grand intérêt. L’immensité du théâtre, la magnificence artificieuse des décorations, qui suppose nécessairement une grande connaissance de la perspective, donnent lieu au gouverneur d’Orestc de lui faire observer deux villes, une Ibrèt, des temples, des places publiques et des palais. Un Français, peu versé dans l’histoire et dans la littérature grecque, peut traiter les villes d’Argos et de Mycène, le bois de la fille d’Inachus, célèbre par les fables d’Io et d’Argus, le palais d’Agameinnon, les temples les plus renommés ; il peut, dis-je, les traiter d’objets peu intéressants ; mais que ces objets étaient frappants pour toute la Grèce ! que notre théâtre est éloigné d’en oll’rir de pareils ! Le reste du discours du gouverneur met le spectateur au fait, en très-peu de mots^ de l’histoire d’Oreste et de son projet, que la réponse du héros achève d’expliquer. L’oracle lui défend d’avoir des troupes, cl d’employer d’autres armes que la ruse et le secret.

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En conséquence, il envoie son gouverneur annoncer à Égisthe et à Clytemnestre qu’Oreste a été tué aux jeux pythiens. « Qu’importe, dit-il, qu’on dise que je suis mort, pourvu que je vive et que je me couvre de gloire ? Quand un faux bruit nous procure un grand avantage, je ne puis le regarder comme un mal ; ; > ce qui fait allusion à l’idée que les anciens avaient que ces bruits de mort étaient d’un mauvais augure.

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Il sort ensuite pour aller faire des libations sur le tombeau de son père, ainsi qu’Apollon l’a ordonné. Sa conduite ne se dciiKMit point. Les caractères ne se démentent i)as davantage. Même inflexibilité, même fureur dans Electre, même douceur dans Chrysothémis, même sagesse dans Oreste et dans le gouverneur, même fierté dans Clytemnestre i. Traiter cette fierté de défaut, c’est insulter à toute l’antiquité, c’est ignorer ce que c’est que les mœurs dans un pareil sujet, c’est méconnaître la belle nature.

Je ne disconviendrai pas qu’avec toutes ces perfections on ne j)uisse faire (juelques objections contre Sophocle. On dira que l’intrigue est très-simple ; je l’avoue, et je crois même que c’est la plus grande beauté de la pièce. Cette simplicité irait au détriment de l’intrigue, si cette intrigue elle-

I. La (in de cet alinéa est do lITiT. (B.)